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Les notions. |
Volonté | Passion | Morale | Bonheur |
Philosophie/Existence et temps |
Le mot "existence" désigne le fait d'être, par exemple le fait d'être d'une manière absolue, le fait d'être donné pour la perception, ou encore pour la conscience. |
"Existence" s'oppose à la fois à l'essence (le ce que c'est), et au néant qui est sa négation. |
Le problème métaphysique de l'existence. |
Tous les êtres existent, et c'est une évidence de dire que la pensée (et même l'imaginaire) et l'action supposent l'existence. Exister c'est être; être c'est exister. Ainsi l'existence est-elle quelque chose d'immédiat, qui constitue le commencement de tout. |
En ce sens, l'existence est le simple fait d'être, l'être conçu sans détermination aucune, sans prédicat, sans rien : l'être commence donc par l'indétermination de l'existence, indétermination du fait d'être pur et simple. Ainsi, cette première idée de l'existence nous la ferait concevoir par une connaissance immédiate. De ce point de vue : |
La connaissance de ce qu'est l'existence est ainsi issue originellement de l'existence même. Chacun aurait donc un savoir immédiat de l'immédiat. Ces points soulèvent quelques unes des difficultés fondamentales de la philosophie : |
Ces questions entraînent des distinctions : |
L'origine métaphysique de l'existence. |
Dans cette dernière distinction, on peut estimer que la philosophie a traditionnellement choisi l'être au détriment de l'existence, ce qui se traduit par la formulation d'Aristote : "L'objet éternel de toutes les recherches présentes et passées, le point toujours en suspens : qu'est-ce que l'être ? revient à demander qu'est ce que la substance ?" À la suite de Platon, la recherche d'Aristote se porte donc sur l'essence, et non sur l'existence, et l'existence serait ainsi occultée : l'existence doit toujours métaphysiquement se penser par rapport à l'essence ; l'essence est la condition d'intelligibilité de l'existence. |
De ce point de vue essentialiste, il découle plusieurs conséquences importantes : |
Or, cette métaphysique pose un problème très simple : si l'existence dépend à ce point de l'essence (définition, intelligibilité, structure de l'être, raison d'être, etc.) alors pourquoi quelque chose existe-t-il "en dehors" de l'essence ? |
Une réponse est que Dieu a créé les essences et accomplit ce passage du possible au réel que la raison humaine ne parvient pas à penser (voir aussi Platon, Timée). Mais le problème est toujours le même : comment une essence suprême peut-elle poser hors d'elle quelque chose de contingent et d'inférieur, l'existence ? |
La question de l'existence de Dieu en philosophie. |
La notion de Dieu est une idée, non un concept. Elle est en effet une pure abstraction. Sur ce point, les philosophes s’accordent. |
Les avis divergent quand ils débattent de l’existence de Dieu. Pour Descartes, à partir du moment où nous pensons Dieu comme un être tout parfait, on doit pouvoir affirmer son existence. En effet, l’existence de Dieu est nécessairement comprise dans son essence car son essence, parfaite par définition, comprend nécessairement la perfection d’exister (sinon, elle ne serait pas parfaite…). |
On pourrait donner comme contre-argument que l'on peut très bien définir un être qui n'existe pas en incluant dans sa définition le fait qu'il existe. En effet, l'idée d'être parfait est un ensemble de caractéristiques, et si nous séparons ces propriétés, l'une d'elle est le fait que cet être existe. Nous donnons comme définition du "Bluz" : être qui existe et dont l’existence implique la non-existence de Dieu. Si le "Bluz" existe, alors Dieu n'existe pas. Or, le "Bluz" existe puisque c'est compris dans sa définition. Donc Dieu n'existe pas, ce qui est contraire à la définition de Dieu. Un tel raisonnement peut être considéré comme absurde. |
De plus, la perfection est subjective. |
Il y a aussi plusieurs définitions de Dieu. |
Philosophie de l'existence. |
Face à ces problèmes, on peut vouloir penser l'existence d'une manière autonome, indépendamment de l'essence. C'est le renversement existentiel de la métaphysique : le fait d'exister devient le point de départ de la pensée, ce qui donne sens véritablement à notre expérience. C'est l'existence sans essence, i.e. sans raison et sans hiérarchie. |
L'analyse de l'existence en tant que phénomène. |
L'existence, dans la métaphysique occidentale, est en-dehors du concept : en ce sens, on ne peut lui reprocher d'avoir ignoré l'existence, puisque l'existence est simplement ce qui échappe à l'essence : l'existence ne se déduit pas du concept, elle n'est pas un prédicat mais une position -ce qui est posé ici et maintenant (cf. Kant). |
Mais l'existence est aussi ce qui est individuel, est par conséquent elle relève non du savoir sur ce qui est, mais de la subjectivité. C'est donc l'individu qui est l'existant, et la connaissance de sa réalité passe par sa conscience et par ses actes (sa volonté). Or, c'est cet aspect de l'existence qu'ignore la spéculation métaphysique, à laquelle s'opposent les philosophies qui partent de l'individu, de sa liberté et de ses choix de vie. |
La conscience de l'existence. |
La réalité de l'existence peut être appréhendée de manière affective (cf. la sensibilité chez Rousseau), indépendamment de la raison, i.e. que ce qui en est saisi ne se déduit pas de l'essence, n'est pas démontrable, est irréfutable (Nietzsche) et semble donc surtout un phénomène irrationnel. Mais cette conscience affective peut être conçue comme une "humeur" ("Stimmung", cf. Heidegger) a priori, i.e. une tonalité de l'existence qui précède la saisie des choses dans leur particularité. Cette tonalité est alors contemporaine de ce qui est appelé "ouverture au monde." |
Exister, c'est être au monde (Heidegger). |
Pour Heidegger, dire « "j’existe" », cela signifie « "je suis au monde" ». Dans l’existence, il y a l’idée même que je suis et cette notion est antérieure à toute autre. Je prends ainsi conscience de mon existence : cette prise de conscience ne me qualifie pas pour autant, elle ne qualifie pas mon existence, simplement j’existe. |
Notre existence, le fait même que nous existions nous projette dans le futur, qui est le monde des possibles (précisément parce que le futur est contingent). Ainsi, sans cesse, pendant que nous vivons, nous découvrons ce que nous sommes, nous dévoilons notre être, non que cet être nous préexiste car c’est bien nous qui le faisons exister, qui lui donnons une essence. Être, c’est bien exister, non pas détenir en soi du sens. |
C’est pourquoi il est si difficile, en philosophie, de définir l’existence, parce qu’elle est toujours cet imprévisible jaillissement. On peut retenir cette définition de Sartre : « "L’existence, c’est la contingence". » L’essence, au contraire, c’est la nécessité. |
La finitude. |
Dans les philosophies de l'existence, la liberté est un absolu, l'essence indépassable de l'existence. Mais cette liberté ne peut être son propre fondement, car il y a une facticité originaire de la liberté qui en révèle donc la finitude insurmontable. La liberté est néanmoins l'homme même, son existence et elle définit la condition humaine : nous sommes condamnés à la liberté, nous y sommes jetés, exactement comme nous sommes jetés-là dans le monde. |
L'art d'exister. |
Pour les philosophes de l'Antiquité, notamment Épicure et les stoïciens, l'homme sage (celui qui aime la sagesse : le philosophe), c'est celui qui ne craint pas (qui ne craint plus) la mort. |
Pour Épicure, en effet, la crainte de la mort est inutile et infondée : la mort n’existe pas tant que nous vivons et nous n’existons plus quand elle est là. Il identifie la mort à une perte de sensations et en conclut donc qu’il faut jouir de son existence mortelle et non souffrir à l’avance pour une souffrance (celle de la mort) qui n’existe pas. |
Épicure rejette la tradition orphique, reprise par Platon, qui croit à la survie et au jugement de l’âme. L’homme qui s’attache à vivre pour atteindre le paradis après sa mort, oublie trop souvent d’être heureux ici bas. |
« "Philosopher, c’est apprendre à mourir" » (Cicéron) |
Quant au sage stoïcien, il présente une certaine résignation, voire une résignation certaine face aux événements qui ne dépendent pas de lui, en particulier la mort. Pour Sénèque, faire de la philosophie, c’est dépasser sa condition mortelle, donc apprendre à mourir… Épictète pense que c’est par nos craintes et nos peurs que nous rendons la mort terrifiante. Nous ne pouvons certes éviter la mort mais nous pouvons éviter de la craindre, puisqu’elle est de toute façon inévitable ! |
Ces philosophies peuvent apparaître séduisantes, en ce qu'elles nous permettent d'envisager de façon moins angoissante notre propre mort. Néanmoins, elles occultent tout le côté affectif lié à la mort. D'une part, elles laissent de côté la question de la fin de la vie, la crainte de la déchéance mentale et physique qui sont devenues des grandes préoccupations de notre temps. D'autre part, ces philosophies semblent oublier que, même si nous demeurons vivants et si la mort ne nous fait pas souffrir en elle-même, c’est avant tout la mort des autres, celle de nos proches, qui nous angoisse et nous fait souffrir. |
Le temps. |
Le temps est vécu (Bergson). |
Bergson définit le temps comme « "une donnée immédiate de la conscience" ». La principale caractéristique du temps, c’est donc d’être vécu. |
C’est pourquoi Bergson distingue le temps homogène du physicien, qui constitue une quantité mesurable, de la durée psychologique, celle qui est éprouvée par la conscience. |
Le temps est-il en train d'exister? (Saint Augustin). |
Dans un passage célèbre de ses "Confessions" (livre XI. Paragraphe: XIV, XVIII, XX), Saint Augustin (IVème siècle après JC) donne deux définitions du temps : |
L’homme pense le temps à partir de trois mots : le passé, le présent et le futur. |
Dans ce texte, Saint Augustin définit la mémoire comme une représentation de la réalité passée, faite par des images ou des mots. Le mode d’enregistrement des souvenirs passe ainsi aussi bien par les sens que par la pensée, elle-même structurée par la maîtrise d’une langue (ce qui explique que nous n’ayons pas de souvenirs de la période où nous ne parlions pas). |
Saint Augustin arrive finalement à la conclusion qu'il n’existe qu’un seul temps dont nous faisons l’expérience : le présent. Ni le passé, ni le futur n’existent (par là même, Saint Augustin critique le langage : « "il est impropre de dire : il y a trois temps, le passé, le présent, l'avenir" »). Saint Augustin préfère parler de ces trois instances qui n’existent que dans notre âme : |
La question de l’objectivité du passé. |
Dans le présent, grâce à la mémoire, je peux penser une réalité passée. Mais le souvenir ne correspond jamais exactement à l’événement tel que je l’ai vécu. Nos souvenirs sont toujours des interprétations, des reconstructions. |
Cependant, ce qui importe dans le souvenir, ce n’est pas de se souvenir exactement d’un événement mais plutôt de lui donner un sens selon ce que la vie a fait de nous. Évoquer le passé, c’est donc toujours lui donner un sens. |
Évidemment, le passé en soi ne change pas, c’est l’interprétation que nous en faisons qui peut évoluer en fonction de notre présent, de notre futur. Cela montre bien l’unité de notre existence : je pense mon présent comme résultant de mon passé et s’ouvrant sur mon futur. Il y a donc bien un lien entre l’existence et le temps. |
Nous sommes constitués par notre mémoire : nous ne pouvons faire table rase de notre passé. En revanche, l’homme est libre en ce qu’il interprète librement son passé. Il peut toujours décider d’en faire un appui positif. Cette conservation du passé par la mémoire, aussi subjective soit-elle, nous constitue. Cela signifie aussi accepter la complexité de la vie : il n’existe pas de vérité une et stable, la valeur d’un événement, le sens qu’il prend peuvent évoluer au cours de notre vie. |
Le futur (Heidegger). |
Le propre de la conscience humaine est de se projeter vers le futur. Or, la conscience de notre mortalité se pose comme une limite à nos projections dans le futur. La conséquence de cette prise de conscience, selon Heidegger, c’est le souci, autrement dit la préoccupation quant au sens que je vais donner à mon existence. C’est ce souci qui nous fait pleinement humains (les animaux n’ont pas ce souci du sens qu’ils vont donner à leur existence). |
Philosophie/Acte/Puissance |
La puissance est chez Aristote associée à la matière, alors que l'acte relève plutôt des causes formelles et finales (voir les 4 causes). L'exemple dont Aristote se sert le plus est celui de la statue : elle est en puissance contenue dans la pierre ou l'airain, et c'est le sculpteur qui l'actualise. |
La puissance représente donc l'indéterminé : un bloc de marbre recèle en puissance une infinité de statues, mais une seule en émergera. L'acte, et en particulier l'acte humain, est ce qui donne forme au monde : l'œuvre est extraite de la matière. La croissance d'un embryon, par exemple, est vue par Aristote comme l'émergence d'un être à partir de la matière donnée par l'œuf ou les menstrues. |
Quant à l'entéléchie, elle est souvent difficile à distinguer de l'acte dans les textes d'Aristote. Elle n'est pas pour autant totalement synonyme de l'acte : elle est à la fois le processus qui mène de la puissance à l'actualisation, et l'actualisation à son plus haut degré d'achèvement, lorsqu'elle ne renferme plus aucune indétermination issue de la matière. L'âme, qui donne sa forme aux corps de tous les être vivants, n'est jamais désigné comme une actualisation, mais toujours comme une entéléchie, signe de la perfection et de l'accomplissement d'une nature parfaitement achevée dans ses formes et dans ses fins : "il y a beaucoup plus de finalité et de beauté dans les œuvres de la nature que dans celles de l'art." ("Parties des Animaux"). |
Philosophie/Une brève introduction |
Résumé. |
Dans ce livre, nous poursuivrons les deux objectifs suivants : présenter l'activité que l'on nomme « philosophie » et dissiper certains des préjugés les plus répandus à son sujet. |
Ce court texte est volontairement scolaire dans sa forme et n'a pas vocation à être un manuel ou une étude approfondie de la philosophie. Ses objectifs assez modestes seront atteints en fournissant aux lecteurs qui ne possèdent pas de connaissances préalables quelques-uns des éléments indispensables pour se diriger dans l'étude de la philosophie. |
Philosophie/Repères |
Philosophie/Bonheur |
Le bonheur (étymologiquement la bonne chance) est un état durable de plénitude et de satisfaction, état agréable et équilibré de l'esprit et du corps, d'où la souffrance, l'inquiétude et le trouble sont absents. C'est une notion des plus difficiles à déterminer : |
Il est de ce fait plus facile d'étudier le malheur que le bonheur. |
Le bonheur se distingue du plaisir, par la durée et parce que le plaisir concerne ce qui est agréable, et de la joie, en tant que cette dernière est un état plus dynamique que le bonheur. La félicité est un bonheur parfait. |
Genèse. |
L'être humain, en tant qu'animal, dispose de deux moyens primitifs pour déterminer les rapports qu'il entretient avec le monde : le plaisir et la douleur. Par ces moyens, nous jugeons de l'utile, de l'agréable et de la souffrance et du nuisible. Avant de percevoir le monde comme objet d'analyse, nous le sentons donc comme un lieu de vie agréable ou menaçant. Nos émotions et nos passions, mis en forme par les valeurs de notre civilisation, découlent de ce rapport à partir duquel nous extrapolons ou imaginons l'idée de bonheur et l'idée de malheur. |
La recherche du bonheur. |
L'eudémonisme antique. |
Les philosophes de l'Antiquité ont très tôt considéré que le bonheur est la fin ultime de la philosophie ; la recherche de la vérité et de la sagesse est surtout un moyen pour approcher le bonheur. Cette conception, qui fait du bonheur le "souverain bien", s'appelle l'eudémonisme. |
Bonheur de la vie contemplative. |
Le bonheur est donc l'expression d'une excellence, i.e. d'une vertu. Néanmoins le bonheur suprême reste celui qui accompagne l'activité de la raison, ce qui en fait un idéal quasi-surhumain : |
Mise en cause de l'idéal du bonheur. |
Le pessimisme. |
Subsets and Splits
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